Microsoft : la firme à abattre ?
Eh oui, notre entreprise préférée semble aujourd'hui se trouver au beau
milieu d'une véritable tempête judiciaire, et médiatique. Il y a encore pas
si longtemps que ça, il n'y avait guère que quelques étudiants boutonneux
pour critiquer la firme au papillon. Aujourd'hui, la plupart des journaux
informent leurs lecteurs des déboires de Microsoft devant les tribunaux, et
des voix nettement plus reconnues que celle des précédents "étudiants
boutonneux" s'élèvent, pour dénoncer la médiocrité de leurs produits, leurs
pratiques commerciales douteuses, et même le danger que représente le
monopole de Microsoft, quand il commence à investir les entreprises privées, ou
les institutions publiques, en leur imposant l'achat de ses logiciels,
nouvelle version après nouvelle version. Eh oui, on parle souvent du danger
que représente Microsoft pour ses concurrents, mais on parle plus rarement de
la charge qu'il fait peser sur ses clients : Microsoft devient peut à peu le
premier percepteur d'impôts du monde. Vous ne saisissez pas l'analogie ? C'est
assez simple : imaginons une entreprise X, qui travaille avec le logiciel
Worxcel 7. Quand arrive sur le marché la version 8 de Worxcel, et qu'elle
commence à se généraliser, et même si cette nouvelle version n'apporte
rien à l'entreprise dans l'utilisation particulière qu'elle fait de Worxcel,
elle ne pourra bien entendu faire autrement que d'acheter la nouvelle
version, sous peine de ne pas pouvoir utiliser les fichiers issus de Worxcel
8. Pourquoi ? Il peut y avoir des raisons diverses : cette entreprise a
un responsable informatique qui veut toujours avoir la sacro-sainte "Dernière-
Version", mais l'entreprise peut également avoir un besoin crucial d'être en
mesure de relire des fichiers issus de Worxcel 8, tel ou tel sous-traitant,
ou telle ou telle ayant le fameux Worxcel 8, et ne sachant pas utiliser
les formats libres tels que le RTF, etc... Vous ne voyez toujours pas
pourquoi Microsoft devient un percepteur d'impôts ? Cet impôt est un un
impôt d'une nouvelle sorte : l'impôt sur l'information. L'accès à
l'information devient en quelque sorte subordonné au paiement d'une taxe à
Microsoft, sous la forme de l'achat d'un de leur logiciel. Imaginez un peu
le montant du Trésor Microsoftique, quand cette taxe est prélevée à
l'échelle planétaire, et que Microsoft relâche facilement une nouvelle
version de ses logiciels tous les ans...
Tout ceci ne serait pas un réel problème si Microsoft diffusait les
informations nécessaires au développement de logiciels aux fonctionnalités
identiques (voire meilleurs, rêvons un peu !), par la concurrence, ou par
des développeurs indépendants sous une license libre telle que GNU ou BISON.
Mais, vous le savez tous, ce n'est pas le cas. Que ce soient les fichiers
d'Excel, de Word, ou des autres produits phares de Microsoft, le seul moyen
pour reconstituer leur format est de faire du "reverse-engineering", c'est-à-
dire de partir des fichiers produits, et de les analyser a posteriori.
Plus haut, j'ai indiqué que des voix "reconnues" s'élevaient
aujourd'hui contre Microsoft. L'exemple-type est Marco Di Cosmo, chercheur et
professeur à l'École Normale Supérieure, qui a écrit un article nommé
"Piège dans le cyberespace", véritable pamphlet contre notre chouchou de
Redmond. Avec un peu de chance, vous pourrez trouver ce texte dans le
dossier Cadeaux du Falk'Mag... :-)
Voici quelques adresses web intéressantes, et qui feront chaud au coeur de
tous ceux d'entre nous qui pestent depuis des années contre Micro$oft :
http://www.mmedium.com/dossiers/piege/ : Piège dans le cyberespace
http://www.dmi.ens.fr/~dicosmo/ : la page de Marco Di Cosmo
http://www.liberation.fr/multi/tribune/tri980410.html : un article dans Libé
http://elias.ens.fr/atelier/avis.html : un sondage lancé par l'ENS Paris
Quand la justice, une bonne partie de la presse, ainsi que des
chercheurs reconnus commencent à se ranger à peser contre Microsoft, une
partie de leur poids joue en faveur des machines "alternatives"...
Tan Noz